Et me voila reparti au Japon ! Cette fois je suis allé sur Shikoku, une des îles les plus rurales du Japon mais qui possède parmi les meilleurs spots du pays et parmi les meilleurs spots de surf d'embouchures de rivière du monde. La carte ci dessous situe les deux régions que je souhaite surfer: Shikoku côté Pacifique et la très belle et sauvage presqu'île de Noto Hanto côté mer du Japon. Le hic est que le Japon dépend principalement de régimes d'Est et des typhons contrairement à l'Europe qui prend les dépressions d'ouest de plein fouet. Les vagues peuvent donc être magnifiques... les périodes de flat aussi !

 

 Shikoku est une des 4 îles principales du Japon et la plus sauvage voire enclavée. Elle est essentiellement montagneuse avec peu d'habitants. On est à des années lumières de la frénésie de Tokyo et du tourisme de Kyoto.
Le voyage commence... par de la montagne ! Nous nous sommes rendus dans la vallée de l'Iya, appelée aussi "le petit Tibet" pour ses maisons à flanc de montagne et son isolement.

Mais voila, pendant ces 5 jours à la montagne, impossible de trouver un accès internet (au japon...on croit rêver...) et je n'ai aucune idée des prévisions météo. Après une journée de voiture, nous nous dirigeons vers la côte. Nous allons au plus proche pour voir la mer sans vraiment savoir où nous sommes. Je m'attends à être déçu. Mais surprise, il y a un petit swell onshore et deuxième surprise, une sorte de mini slab sur du sable, onshore, qui semble surfable. Pas un surfeur à l'horizon. Je n'en peux plus, j'y vais ! En fait, c'est creux, c'est une embouchure de rivière et le surf est plutôt bon. Je vois au bout d'une heure des surfeurs apparaître. En sortant de l'eau et en consultant le guide des spots en japonais (en fait ma femme, moi j'y entrave rien), je réalise qu'il s'agit du spot ultra connu de Monobe, une des meilleures embouchures du Japon !

 

Le lendemain, 8 août, Monobe, Lever 4h45 et à l'eau à 5h30.
Il y a déjà du monde et des vagues bien plus grosses et belles que la veille. J'ai couru assez vite sur la plage...
Une petite Vidéo:

Chose étrange, les surfers japonais restent assez longtemps au bord à regarder avant de se mettre à l'eau. Tant mieux pour moi, j'ai été seul pendant 45mn.

Je ressors euphorique de cette session: mon voyage est déjà gagné ! C'est creux, cela déroule ! J'aimerai bien une vague comme cela en Gironde !

Nous reprenons la route pour longer la côte. Nous passons à Yasuda. C'est une embouchure mythique qui marche rarement mais où il est possible de rentrer dans les tubes debout et sur 100m. Ce jour là, un petit mètre déroule parfait. Je ne m'y suis pas arrêté pour des contraintes de logistique mais je regrette un peu. On voit bien sur la photo la houle qui s'enroule magnifiquement autour du banc de sable.

 

Vision sur la route d'un village en face des vagues

 

Tsunami: le risque est présent partout et ce panneau le rappelle

Nous arrivons à Ozaki.
C'est un spot classique de beach break, gavé de surfeurs. C'est très sauvage, l'eau est chaude, 28°C, je dors à 200m dans une auberge. Et zou, c'est parti pour quelques vagues sympas malgré l'onshore.

Le lendemain, 5h30, l'offshore frais descend des montagnes abruptes, la houle est plus propre. Très bonne session.

Takegashima
J'ai vu ce spot pour la première fois en photo il y a plus de 10 ans en me jurant de le surfer un jour. Je ne connaissais même pas son nom, juste qu'il était à Shikoku. C'est en allant faire de l'apnée avec les enfants qu'au détour d'un port, j'ai reconnu immédiatement l'endroit. Il faut imaginer plein d'îlots rocheux, une eau cristalline et une vague au milieu de nulle part, vague qui casse rarement d'ailleurs. Ni une, ni deux, j'ai foncé. Ok, la vague ce jour là n'était pas parfaite, ok ce n'est pas un spot de classe mondiale mais c'est surement un de mes meilleurs souvenirs du voyage au vu du lieu et du fier local avec qui j'ai surfé. Le local, regard noir, n'a commencé à me parler que quand j'ai écrasé du plat de la main un énorme taon sur son épaule et dont il n'arrivait pas à se débarrasser. Fallait oser.

Kaifu
Kaifu est considérée comme la meilleure vague du Japon: elle peut être comparée à Mundaka en droite. C'est le Pipeline japonais avec ce que cela suppose de locaux, de niveau et de foule. Là, on ne rigole plus. Le courant de la rivière est violent, fait doubler et tuber les vagues, il n'y a pas de fond.

Repas pris à la chambre d'hôte. Même avec une session de surf dans les pattes, j'ai fini rassasié.

La houle de 1.20 est transformée en vague très creuse, très raide à prendre. On voit sur la photo que je n'ai pas la technique nécessaire pour prendre directement le tube. C'est aussi la seule vague où j'ai pu prendre en défaut ma planche magique (fish Maurice Cole). Cette vague m'a montré mes limites et va hanter mes souvenirs. J'ai fait deux ascenseurs violents dans des vagues similaires: j'avais de l'eau jusqu'à la taille seulement ! C'était pourtant un jour très moyen au dire des locaux.

Ikumi
Spot connu car accessible et avec des surf shops. Mouais, je passe....

Sur la route
Shikoku est connu pour ses spots semi secrets: il y en a beaucoup. Celui-ci est, je pense, l'île de Teba et reste principalement déserte.

Les criques sont superbes, sans personne, avec juste un pêcheur d'ormeaux.

Uchizuma
Plus haut au nord, je pensais en avoir fini avec le surf. Et je tombe sur cette petite crique qui normalement ne marche jamais. Les enfants râlaient mais m'ont octroyé 15min de surf. J'ai pris 5 vagues et c'étaient de bons murs à surfer !

Et c'est le moment de quitter Shikoku après une dizaine de jours. J'ai quitté çà:

pour trouver cela après 2 heures de ferry et rejoindre Osaka

et çà, une sorte de casino japonais appelé Pachinko:

La transition est rude...

Wakayama
Il s'agit du spot le plus fréquenté et connu du coin. Et pour cause, c'est le seul spot surfable à la ronde, parfait pour débuter pour l'ensemble de la population d'Osaka soit 18 millions de personnes. L'accès est effroyable: il faut traverser un immense quartier populaire aux rues étroites avec une horde de surfeurs énervés en 4x4 (une hérésie vue la taille des rues) fonçant à pleine allure. Puis on se retrouve d'un coup (mais vivants) coincés et obligés d'aller sur des parkings payants (10€ !!!) et découvrir un spot blindé de surfeurs, collé à une immense usine sidérurgique et des vagues plus que moyennes. Il faut le voir mais j'ai passé mon tour pour le surfer.

 

 

 

Noto Hanto, Shibagaki
Quelques jours plus tard, nous sommes sur la côte ouest, côté Mer du Japon. Je piste les mouvements de houle. Les restes d'un typhon déboulent à grande vitesse sur la péninsule de Noto Hanto. Les coups de houle de ce coin sont brefs et violents. Il s'agit de houles de vent puissantes mais qui durent en général une journée et sont rarement propres et filtrées. Noto Hanto est réputée pour le surf en hiver. Je suis allé testé cette plage, le reef ne marchait pas et je me suis rabattu sur ce beach break mou mais il y avait un bon 1,5m.

 

Voilà c'était ma dernière session. Le bilan a été plus que positif et j'envisage un trip plus long côté Pacifique. Les moins du surf japonais: la houle peut être capricieuse, il faut prévoir du temps pour être sur de surfer, il y a beaucoup de monde à l'eau (faut le savoir), le matériel est hors de prix. Les plus: les gens sont sympas à l'eau, les spots sont extrêmement variés et d'une qualité extraordinaire, les paysages sont tous simplement déments, l'eau est chaude (24-28°C)